Quand l’entreprise devient un terrain de chasse

Sophie vient d’arriver dans l’entreprise. À 24 ans, c’est la plus jeune femme de l’open-space. Pendant la pause déjeuner, elle mange seule à une table de la cafétéria.

Rémi, un collègue d’une quarantaine d’années, s’installe en face d’elle sans y être invité. Il engage la conversation avec assurance : compliments sur son style, questions personnelles un peu trop précises, rire un peu trop fort. Il cherche visiblement à créer une familiarité rapide.

Dix minutes plus tard, Sophie regarde soudain sa montre, se lève précipitamment et quitte la salle presque en courant. Direction inconnue.

À ce moment précis, un autre collègue, Patrick, vient me parler d’une histoire totalement anecdotique et me bloque la vue. Simple coïncidence ? Peut-être… ou peut-être pas.

Dans cette entreprise, il n’y a pas de places attitrées. Tout le monde circule librement : réunions improvisées, coins calmes, salles de repos, local technique, parking souterrain… Personne ne remarque vraiment si quelqu’un s’absente 30 minutes, 1 heure, voire plus.

Sophie réapparaît environ une heure plus tard. Elle est différente : les joues rosies, le regard brillant, elle rit fort à tout et à rien, se touche les cheveux sans arrêt. Son corps semble électrique, presque sensuel dans ses gestes. Elle dit qu’elle se sent « pleine d’énergie » sans savoir pourquoi. L’après-midi, le même scénario se reproduit deux fois. À chaque retour : même excitation inexplicable, même désinhibition, même trous de mémoire sur ce qu’elle a fait pendant ses « pauses ».

Les signes sont là, criants, pour qui connaît les effets du GHB ou du GBL à dose moyenne :

- absences prolongées sans justification

- perte de la notion du temps

- excitation sexuelle soudaine et incontrôlable

- amnésie partielle ou totale de la période

- retour à son poste comme si de rien n’était

Dans certains milieux professionnels (open-spaces sans contrôle, afterworks réguliers, séminaires résidentiels…), les mêmes prédateurs que l’on croise en soirée utilisent exactement les mêmes techniques : un verre tendu « gentiment », une main qui effleure trop longtemps, une invitation à « passer dans le bureau d’à côté pour récupérer un dossier »…

Et quand la victime revient, droguée, violée, mais souriante et sans souvenirs, personne ne se doute de rien.

L’entreprise n’est pas un lieu sûr par nature. La proximité forcée, l’absence de surveillance, la culture du « cool » et du « réseau » peuvent devenir le terrain de jeu idéal des agresseurs qui utilisent les drogues du violeur.

Si vous ressentez soudainement une chaleur intense, une désinhibition anormale, des trous de mémoire ou une excitation sexuelle hors contexte : → Parlez-en immédiatement à une personne de confiance → Ne restez jamais seul·e avec quelqu’un qui vous met mal à l’aise → Méfiez-vous des boissons ou aliments proposés sans raison

Le bureau ne doit pas devenir une zone de non-droit.

Victime ou témoin en entreprise ? Contactez le 3919 ou une association spécialisée. Vous n’êtes jamais seul·e.

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