Festivals de Kizomba - le danger bien réel des drogues du violeur
Karine attendait son petit-ami dans le hall de l’hôtel, assise sur un canapé. Elle était jeune, jolie, et portait une tenue décolletée assez voyante. Il était tard dans la matinée, et son compagnon faisait la grasse matinée.
Un homme de grande taille s’est approché d’elle. Il se présentait comme un passionné de danse, spécialisé en kizomba, et disait réaliser de petits reportages vidéo pour son compte personnel. Il n’était pas accrédité par le festival. Il lui a proposé de la filmer en train de danser, prétextant qu’elle avait « exactement le style » qu’il recherchait. Karine a trouvé la demande étrange et lui a demandé pourquoi elle précisément. Il n’a donné aucune réponse convaincante.
Ils ont quand même dansé quelques minutes dans le hall, sous les yeux d’autres personnes. L’homme semblait très à l’aise, maîtrisait parfaitement la danse et gagnait rapidement la confiance de Karine. Puis il a proposé de continuer la vidéo « dans un endroit plus calme, à l’abri des regards et du bruit ».
Je l’ai revue environ deux heures plus tard. Elle était revenue s’asseoir exactement au même endroit, comme si elle n’avait été absente que quelques minutes. Elle semblait épuisée, vidée, mais son visage était étrangement lumineux et son corps agité de tremblements légers. Elle m’a confié qu’elle avait une sensation d’excitation sexuelle intense et inhabituelle, comme si elle avait été « surstimulée » pendant longtemps, avec des orgasmes à répétition dont elle n’avait presque aucun souvenir. Elle ne comprenait pas ce qui lui était arrivé.
Ce genre de scénario n’est malheureusement pas isolé dans certains festivals de kizomba et autres danses latines ou africaines très sensuelles. Le contact physique prolongé, l’ambiance festive et surtout la confiance rapide qui s’installe entre danseurs créent un terrain idéal pour les prédateurs qui utilisent des drogues du violeur (GHB, GBL, Rohypnol, kétamine, etc.).
Ces substances, souvent incolores et sans goût particulier, peuvent être versées discrètement dans un verre ou – plus insidieux encore – déposées sur la peau (paume de la main lors d’une invitation à danser, par exemple) ou même sur des aliments très salés (frites, chips…) où les cristaux de sel masquent parfois une poudre. Pire encore, certaines substances volatiles peuvent aussi être administrés par inhalation. Une fois la personne totalement inconsciente, les agresseurs peuvent alors faire ingérer des doses supplémentaires de drogues liquides beaucoup plus massives, sans aucun risque qu’elle ne se débatte ou ne se souvienne de quoi que ce soit.
Les symptômes décrits par Karine sont typiques :
- Perte de notion du temps (deux heures perçues comme quelques minutes)
- Amnésie quasi totale de la période sous emprise
- Excitation sexuelle incontrôlable et orgasmes répétés (effet connu du GHB à certaines doses)
- Épuisement physique brutal au retour à la conscience
Ce témoignage, comme beaucoup d’autres recueillis ces dernières années dans la communauté kizomba, montre qu’il existe bel et bien un « monde caché » dans certains festivals : des individus ou petits réseaux qui ciblent des danseuses (et parfois des danseurs), profitent de la sensualité de la danse et de la proximité corporelle pour droguer leurs victimes à leur insu et commettre des agressions sexuelles en toute impunité.
### Conseils de prévention concrets à ne jamais négliger en festival :
- Ne jamais laisser son verre ou son assiette sans surveillance
- Refuser systématiquement les verres ou aliments proposés par des inconnus
- Éviter de suivre quelqu’un dans une chambre ou un endroit isolé, même « juste pour filmer ou danser tranquillement »
- Danser toujours dans des zones éclairées et fréquentées
- Signaler immédiatement tout comportement suspect à l’organisation ou à la sécurité
- En cas de sensation bizarre (chaleur soudaine, désinhibition, trous de mémoire), prévenir immédiatement un proche ou le staff et demander à être accompagnée aux premiers secours
La kizomba est une danse magnifique et sensuelle, mais elle ne doit pas devenir un terrain de chasse. Restez vigilants.
Si vous avez été victime ou témoin d’un tel acte, parlez-en. Vous n’êtes ni seul·e ni responsable.